Le Grand Paris survivra-t-il à son nouveau ministre?

Le grand Paris, projet depuis cinq ans lancé par Nicolas Sarkozy pour faire enfin bouger l’Île de France, est issu de nombreuses concertations entre les élus de Paris, les départements de la petite et grande couronne, les acteurs économiques, politiques et sociaux. Il s’est traduit par une loi dans laquelle vos deux sénateurs UMP se sont beaucoup impliqués, raison pour laquelle les travaux commencent par le Val-de-Marne.

Situation paradoxale puisque le projet accepté par les élus est aujourd’hui menacé par la nouvelle ministre.

Cécile Duflot, Ministre de l’Égalité des territoires et du logement, se voit aujourd’hui confier la mise en œuvre du Grand Paris. Elle succède aux Ministres Blanc et Leroy.

Etrange désignation puisqu’elle a toujours combattu le projet le dénonçant en 2010 comme « datant des années 1970 ». Alors Conseillère régionale d’Île-de-France, elle s’était même désolidarisée du groupe Vert au moment du vote du projet à la Région. Rappelons, par exemple, que les verts s’opposent à la desserte du nouveau pôle scientifique d’Orsay ! La récente déclaration de la ministre: « le projet avait été imposé de manière brutale par l’ancien Président de la République… il devra être rediscuté », inquiète les élus de tous bords, notamment du Val-de-Marne, qui ont immédiatement réagi en rappelant le travail de consensus mené et refusant de faire marche arrière.

 Projet pharaonique, le grand Paris engage 200 collectivités membres de Paris métropole, la région Île-de-France et les départements de la petite et grande couronne qui ont notamment réussi à se mettre d’accord sur le pôle des transports. L’Arc Express, le fameux métro automatique circulaire autour de la capitale, long de plus de 200 kilomètres qui devait être terminé à l’horizon 2025 pour un coût global de 32 milliards d’Euros est donc en sursis, comme le prolongement de la ligne 14 jusqu’à Orly ouvrant une station dîtes des « trois communes » avec Chevilly-Larue et L’Hay-les-roses. Le grand Paris nourrit les espoirs de nombreux maires et élus locaux qui souhaitent le rapprochement des territoires depuis de nombreuses années. Rappelons qu’encourager la mobilité des populations qui n’ont pas facilement accès aux lignes de transport les plus rapides pour le cœur de Paris ou la mobilité intra-urbaine des banlieues demeure l’objectif phare du grand Paris.

 Au-delà des questions de transport, l’interrogation légitime de ces derniers jours est de savoir qui gouverne réellement la région Île-de-France, région la plus riche de France et deuxième d’Europe en PIB. La nouvelle ministre pourrait bien entrer en discordance politique avec François Hollande qui a annoncé un nouvel acte de la décentralisation mais dont cet épisode montre déjà la limite pour l’Île-de-France, téléguidée depuis un ministère et engagé dans un contre-sens politique.