La commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées a auditionné Romano Prodi, envoyé spécial des Nations unies pour le Sahel.

Christian Cambon, Vice-président de la commission et co-rapporteur du budget de l’Aide Publique au Développement, a souhaité s’adresser à Romano Prodi en tant qu’ancien président de la commission européenne concernant les événements actuels qui tendent à témoigner de l’échec des politiques de coopération parcellisées mettant en jeu des sommes importantes. « Nos analyses politiques élogieuses à l’égard de certains régimes se sont parfois révélées erronées. N’est il pas temps pour l’Union européenne de se livrer à un examen de conscience sur les modalités de l’organisation de son aide et de la coopération dans cette partie du monde lorsque la paix sera revenue et les armes se seront tues ?
En mission au Mali, nous avons dénombré sur le terrain près de vingt-cinq politiques de coopération de différents pays européens, parallèlement à une action menée par l’Union européenne de manière indépendante. Si l’on souhaite l’instauration d’une meilleure gouvernance de ce pays, l’Union européenne ne doit-elle pas réexaminer ses aides, éventuellement instituer des« pays chefs de file » en ce domaine, afin de mieux orienter ses aides »
Romano Prodi a répondu qu’en termes de développement, la première priorité est de finir le travail commencé mais interrompu faute d’argent. « Pour cela, il faut une bonne coordination entre la banque mondiale, la banque africaine de développement, mais aussi, ne l’oublions pas, la banque européenne d’investissement. La coordination de l’aide de l’Union européenne et de celle des ses états membres est une question insoluble, c’est pourquoi je prône une stratégie flexible permettant de « mettre des drapeaux » sur certains projets. L’Europe est le premier donateur en Afrique, mais les pays européens veulent aussi garder une certaine autonomie. Il est possible de réexaminer les procédures pour aboutir une meilleure coordination, mais il faut que les états membres le veuillent. Le calendrier est crucial, car bientôt tout le monde va oublier le Sahel. J’ai personnellement participé dix fois au G8, et j’ai constaté que nous n’avons jamais tenu les engagements pris, ce qui n’est pas étonnant pour une structure qui n’a pas de secrétariat permanent.
La question du Nord-Mali est naturellement centrale. Elle ne concerne d’ailleurs pas que les Touaregs qui sont minoritaires, même au Nord. Beaucoup de responsables internationaux s’accordent à dire que, sans élections claires et transparentes, il n’est pas possible d’avancer. »
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